Habiter Travail chez-soi : Séhili, Dufournet et Rozenblatt mènent l’enquête

Travail chez-soi : Séhili, Dufournet et Rozenblatt mènent l'enquête

L’essor du travail multi-situé chez-soi, volet 2


Recherche

Djaouidah Séhili, Tanguy Dufournet et Patrick Rozenblatt, trois chercheurs du centre Weber, présentent les résultats du questionnaire du volet 02 de leur recherche sur l’essor du  travail multi-situé chez-soi. Un questionnaire à la fois quantitatif (données statistiques), mais aussi qualitatif (verbatims écrits et photographies). Grâce à des résultats particulièrement riches, les chercheurs ont exploré 4 grands thèmes liés au travail multi-situé chez-soi.

Des résultats riches sur le travail chez-soi selon Séhili, Dufournet et Rozenblatt

En effet les répondant.e.s se sont littéralement saisi.e.s du questionnaire pour mieux appréhender l’expérience intense vécue lors des confinements. Comme si cette narration constituait un effort d’appropriation et de compréhension de ce moment atypique. D’autant que d’autres formes de mise au travail ont accompagné cette intrusion du travail à la maison. Celle des enfants notamment. Les outils numériques des cours à distance étant à la fois outils de loisirs, de travail et d’apprentissage. Mais des outils très inégaux socialement, territorialement, etc. L’hypothèse des chercheurs ? Les mesures de confinement ont entériné par transmission, dans la durée, la transformation des modalités de travail “classiques” en s’adossant toujours autant aux inégalités socio-économiques et rapports de dominations existants.

Effets de la plasticité du logement

À la question ouverte « Comment et dans quel(s) endroit(s) de votre logement vous êtes-vous installé.e pour travailler durant la période de confinement?», les réponses sont variées. Elles rendent compte d’une appropriation diversifiée de l’espace : de la « pièce dédiée au travail » à la variété des pièces dédiées au travail nomade. Elles témoignent que l’appropriation de l’espace est bien constitutive de l’habiter. Et qu’elle contribue à l’affirmation et à la protection de son identité. En ce sens, le « travail multi-situé chez soi » perturbe l’identité domestique de celles et ceux qui le vivent.

Travail chez-soi : différences sexuées et genrées

Sans qu’une question spécifique n’ait été posée, les verbatims de plusieurs questions ont permis d’identifier deux types de configuration familiale. De la reproduction du schéma inégalitaire de la division du travail à la recherche concertée de l’équilibre égalitaire. Dans la première, le confinement semble entériner l’incorporation des assignations différenciées. Des assignations selon lesquelles les femmes concilient seules leur propre “travail chez-soi” avec les autres activités familiales et ménagères. Dans la deuxième au contraire, le confinement autorise une vraie concertation pour obtenir un équilibre égalitaire.

Séhili, Dufournet et Rozenblatt analyse la tenue vestimentaire quand on travaille chez-soi

À la question “Votre manière de vous habiller a-t-elle changé depuis que vous travaillez chez vous ?”, 68,63 % des répondant.e.s ont répondu « OUI ». Les verbatims permettent d’identifier deux types de normes vestimentaires distinctes : “maintien de soi dans son chez-soi” et “perpétuation des normes professionnelles”. Dans le premier cas, le “travail multi-situé chez-soi” lors du confinement semble libérer l’individu de la norme professionnelle vestimentaire. La représentation de soi est troublée par les liens paradoxaux noués entre liberté, “bien-être” et asservissement au fait de se trouver chez soi pour y travailler. Dans le second cas, le “Travail multi-situé chez Soi” lors du confinement exacerbe le respect de la norme vestimentaire professionnelle et la représentation de soi qui s’inscrit pleinement dans la perception qu’une tenue de travail habituelle prévaut plus que tout.

Impacts du confinement sur la santé

Sur une échelle allant de 1 à 5, près d’1/3 des répondant.e.s se positionne sur le niveau 3 sur leurs sentiments de stress, de déprime et de fatigue allant du mal-être psychique et physique à la dégradation nette de l’état de santé. Ils invoquent plusieurs raisons pour expliquer ces sentiments dans un contexte de travail dont les repères ont disparu et se reconstruisent en temps réel. Avec une part de tâtonnements et de multiples difficultés…

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