Une esthétique à l’épreuve de la pluralité des regards
LEROY MERLIN Source vous invite à découvrir cet article qui prolonge la recherche habitat sur le chantier domestique : « Saisir le chantier par l’image ». Cet article est paru en 2021 dans le numéro 19 de la revue Images Re-vues, histoire, anthropologie et théorie de l’art qui a pour thème : Images scientifiques / images artistiques : croisements méthodologiques.
Quelle place pour l’image dans la recherche scientifique sur l’habitat ?
La recherche sociologique « Saisir le chantier par l’image » est née de la rencontre d’une plasticienne, d’un sociologue nourri d’anthropologie et d’une historienne-théoricienne de l’art. Ensemble, ils se sont penchés sur l’étude du chantier de rénovation domestique. Ils sont allés voir des artistes, des chercheurs, des habitants et des artisans. Ils ont récolté leur témoignage et collecté leurs images.
Dialogue des compétences : une équipe de recherche autour du chantier domestique
La composition de l’équipe chargée de cette recherche autour du chantier domestique relève de la pluridisciplinarité bien sûr. Mais on peut aussi parler de pluriprofessionnalité, d’interdisciplinarité et d’interprofessionnalité. En effet, ensemble, les chercheurs ont cherché à répondre à une même problématique. Plutôt que de réaliser une étude éclairant le même objet. Ils ont ainsi élaboré une réponse commune, riche du parcours de chacun. Cette recherche sociologique sur l’habitat est un dialogue entre art et anthropologie. En effet pour les chercheurs, « la sociologie est aussi visuelle ».
La 1ère étape de la recherche habitat : circonscrire le chantier domestique
Cette condition de l’“inter” a été indispensable pour arriver à circonscrire au mieux le chantier domestique. Et ce d’autant plus, qu’au fil de l’étude, chacun des chercheurs a vécu un chantier de rénovation dans son logement. Une circonstance idéale pour réaliser que chacun est une habitante ou un habitant. « Comment ne pas se sentir conforté dans l’envie de comprendre ce que d’autres habitant·es ou d’autres personnes concernées par le chantier en disent, en pensent, parce qu’elles l’auront, non seulement vécu, mais aussi pensé, réfléchi, étudié et projeté ? » explique ainsi l’équipe de recherche.
Saisir le chantier domestique par l’image
Ensemble, l’équipe de recherche a développé une méthodologie pour « saisir le chantier par l’image ». C’est à dire accorder aux images de chantier domestique une place centrale dans leur recherche sociologique. Le résultat de l’analyse de ces images et interviews ? « La captation d’un infra-ordinaire qui se révèle extra-ordinaire« . Certes, il y a l’image et ses caractéristiques (forme, lignes, couleurs, composition, lumière, détails insolites…). Mais l’image porte en elle une potentialité appropriable par les sujets qui l’inscrivent dans une temporalité particulière, liée à l’histoire du chantier domestique. Lui-même étant imbriqué dans une histoire personnelle ou/et conjugale ou/et familiale. Et même parfois, dans celle des lieux et du bâti. Les « milliers de transformations » que vit l’habitation dans une temporalité dépasse donc largement celle de l’habitante ou de l’habitant. Et résonne bien avec la métaphore du chantier comme « épopée » évoquée par Philippe Bonnin.