Quelle contribution à l’autonomie et à la qualité de vie des personnes ?
En quoi les préconisations des ergothérapeutes permettent-elles l’adaptation des logements au vieillissement ? Comment améliorent-elles la qualité de vie des personnes dans le temps ? Dans quelle mesure soutiennent-elles leur autonomie ? Leroy Merlin Source présente la nouvelle recherche menée par Elisabeth Hercberg, ergothérapeute, La Kléh, Roméo Fontaine, économiste et chargé de recherche à l’Ined et Anaïs Mary, sociologue.
L’ergothérapie pour adapter le logement au vieillissement
Ensemble, les chercheurs font le point sur dix ans de préconisations d’ergothérapeutes. Ils s’appuient à la fois sur l’analyse de la base de données de La Kléh (cabinet d’ergothérapie libéral). Et sur une enquête de terrain sociologique auprès d’habitants ayant bénéficié d’une adaptation de tout ou partie de leur logement. La recherche révèle deux grands enseignements :
- C’est la douleur ou l’état douloureux qui motive les personnes dans la mise en place d’adaptations lors de l’intervention des ergothérapeutes.
- Les adaptations préconisées contribuent au maintien de l’autonomie dans le logement. Mais de manière encore trop limitée aux seules activités essentielles de la vie quotidienne (cuisiner, se laver, faire le ménage). Se dessine ainsi une vision du rester chez soi réduite aux actes essentiels de la vie quotidienne que le « bricolage » des personnes permet parfois de contourner.
Le logiciel Dom’ergo : l’outil central du chantier de recherche « Adaptation des logements au vieillissement »
Le chantier de recherche « Adaptation des logements au vieillissement » s’appuie sur le logiciel Dom’ergo par renseigné par de nombreux ergothérapeutes. Pourquoi avoir créé cette base de données ? En 2005, les MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées) ont été mises en place. Ainsi qu’un nouveau système de financement des aménagements du domicile pour les personnes de 0 à 60 ans par l’intermédiaire de la Prestation de Compensation du Handicap (PCH). Or ce système « a fait craindre une hémorragie financière aux pouvoirs publics. » explique Elisabeth Hercberg. « Nous avions conscience du manque de données relatives à l’adaptation du logement en France [….] et nous souhaitions objectiver la réalité des situations et des besoins que nous rencontrions. À cette époque, aucun outil ne permettait de systématiser le recueil d’informations auprès des usagers. Et chaque service développait son propre système d’information. » L’idée ? Créer un outil pour les ergothérapeutes avec une double fonction :
- Recueillir les informations relevées lors des évaluations à domicile. Dans le but de rédiger de manière rapide et standardisée les rapports de préconisations destinés aux personnes et aux institutions.
- Conserver ces données avec l’accord des usagers et des ergothérapeutes pour mettre en perspective les réalités de terrain vécues par les personnes et les préconisations des ergothérapeutes.
Recherche ergothérapie, logement et vieillissement : collaboration de l’Ined avec des acteurs privés
Une telle collaboration n’est pas inhabituelle. Habituellement, les chercheurs de l’Ined travaillent avec des données produites par l’Ined ou les acteurs de la statistique publique. Grandes enquêtes statistiques, données socio-fiscales, enquêtes annuelles du recensement, données d’état civil, données de consommation de soins… Mais Roméo Fontaine explique qu’il leur arrive d’exploiter des données produites par des acteurs privés. Pourquoi ? » […] car elles offrent un matériau permettant d’explorer de manière nouvelle un certain nombre de thématiques ». Un exemple ? A l’Ined, une équipe explore par exemple les inégalités salariales entre femmes et hommes et l’impact des naissances sur les trajectoires professionnelles à partir des données Ressources humaines d’une grande entreprise française sur une longue période. « J’ai moi-même exploité les données de facturation d’un service d’aide à domicile pour mieux comprendre le recours aux aides humaines des personnes âgées en perte d’autonomie. » Ces données ont permis de produire de nouveaux résultats.
Enseignements de la recherche : quelle durabilité des adaptations du logement pour les personnes âgées ?
« A une échelle de six mois, un an, deux ans ou plus encore entre les travaux et les entretiens, les adaptations effectuées sont vantées pour leur esthétisme (cet aspect se retrouve plus particulièrement auprès des locataires qui vivent en habitat social), leur qualité… et surtout leur utilité. Toutes les personnes rencontrées ont en commun de les utiliser quotidiennement. D’ailleurs, quand elles ne vivent pas seules, les adaptations, comme par exemple des sièges de douche ou des barres d’appui dans les douches ou les toilettes, sont aussi utilisées avec ravissement par les autres personnes qui partagent quotidiennement ou plus ponctuellement le logement. À cet égard, de nombreux grands-parents reviennent avec beaucoup d’humour sur le bonheur que leurs petits-enfants ont à prendre leur douche assis quand ils sont chez « papy et mamie » … un confort dont ils ne bénéficient pas chez leurs (jeunes) parents trop bien portants ! » explique Anaïs Mary.