Expérimenter les adaptations pour s'équiper chez soi ?
La question de l’anticipation dans le logement, de difficultés éventuelles liées à l’avancée en âge est au cœur des politiques publiques et des interrogations des acteurs économiques et sociaux depuis de nombreuses années. Elle se traduit par la mise en place de dispositifs limitant les risques de chute et d’accidents dans la salle de bains, les toilettes et parfois la cuisine. Mais ces dispositifs et leur aspect souvent stigmatisant, ou perçu comme tel, ont des représentations négatives. Cette anticipation n’est donc pas encore vraiment entrée dans les habitudes des premiers concernés : les habitants.
Le terrain de recherche
Le chantier de recherche « Le logement du bien vieillir » restitue les résultats d’une enquête sociologique et architecturale. Cette recherche a été menée au sein d’un logement adapté, auprès de personnes vieillissantes et âgées se rendant à Dax pour une cure thermale. L’équipe de recherche a ensuite rencontré, certaines d’entre elles, à leur domicile pour un second entretien. Ces personnes âgées de 58 à 81 ans se sont rendus à Dax sur prescription de leur médecin pour y soigner des douleurs articulaires liées au rhumatisme, à l’arthrose ou à des inflammations ou encore pour lutter contre l’ostéoporose. Le logement qui leur a été proposé le temps d’une cure a été adapté en vue de faciliter la vie quotidienne, limiter les efforts articulaires, compenser la baisse de la vision, et amoindrir les effets de la fatigue. Les équipements spécialisés, tels le plan de cuisson à hauteur variable ou les lits mécanisés, ont été banalisés par une intégration dans une ambiance aussi proche que possible de celle d’un domicile.
Les enseignements
Parmi les enseignements à retenir, la recherche dégage quatre profils face aux adaptations du logement du bien vieillir et à leur éventuelle transposition dans leur propre domicile : les indifférents, les détachés, les conservateurs et les prévoyants. Ces quatre profils ne sont pas des catégories figées, un individu pouvant, selon les événements de sa vie ou les rencontres, se trouver conforté dans ses choix ou au contraire évoluer d’un profil à un autre.
L’expérimentation concrète de nouvelles normes de confort conçue comme un temps d’acquisition de nouvelles manières d’habiter pour une transposition chez soi était une des hypothèses phares du projet. Il apparaît qu’à moins d’être déjà convaincu du bien-fondé de l’adaptation, l’expérimentation de ces dispositifs, notamment en raison du contexte de la cure et du temps de vie hors de chez soi, ne peut pas constituer un facteur déclenchant pour l’adaptation de son logement.
Enfin, l’expérience du vieillissement d’un proche (ascendant ou conjoint) dans son propre logement ne parait pas être un déterminant fort au regard de l’acceptation pour soi d’adaptations facilitant sa vie quotidienne ou permettant de rester plus longtemps chez soi. Le logement mobilise en effet dans la vie de chacun des enquêtés des représentations et des fidélités (à soi et au conjoint) auxquelles il leur est parfois impossible de renoncer.
Les partenaires
Le Logement du bien vieillir est une réalisation d’AG2R La Mondiale, Aqui O Thermes, Le Grand Dax, Leroy Merlin France et le magasin Leroy Merlin de Bayonne, XL Habitat. Avec les contributions de CREE, HMS-Vilgo, Winncare et Syst’am.
L’équipe de recherche
Guy Tapie, Maël Gauneau et Manon Labarchède, du laboratoire Pave, école nationale supérieure d’architecture et du paysage de Bordeaux/ centre Emile Durkheim, ont réalisé cette recherche. Le Forum urbain et Leroy Merlin Source l’ont coordonnée.