recherche LEROY MERLIN Source menée par Marine Morain, architecte
Comment trouver un temps et un espace à soi, à l’abri du monde et des autres, dans son propre logement ? L’architecte Marine Morain renouvelle ce questionnement à partir d’un constat porté au sein de son agence Ad’minima. La surface des logements dans les nouveaux programmes diminue et les normes de construction brident la composition architecturale. Or elle estime qu’à l’échelle individuelle, un espace est nécessaire à l’émancipation de la personne, à la constitution de sa personnalité (Cf. Une chambre à soi de Virginia Woolf). Néanmoins, des logements où la cuisine est ouverte sur le séjour, où les enfants partagent la même chambre, où les parents dorment au salon, etc., rendent tout isolement individuel difficile.
La recherche a été mené en deux temps :
1 – un large recensement des espaces de répit tels que les professionnels (architecte, urbanistes, paysagistes, designers, artistes…) les ont créés. Auxquels s’ajoutent tous ceux que les habitants inventent, le plus souvent à l’intérieur du logement, parfois en s’en échappant. Ceux-ci organisent leurs petits coins soit dans un espace défini et clos, soit par une posture corporelle dans un espace partagé.
Deux points clés sont à retenir : la réduction de l’échelle est très fréquente, et l’inhibition de l’un des cinq sens systématique.
L’analyse aboutit à une typologie en sept actions :
- ne pas entendre ou ne pas voir
- ne pas être vu, ne pas être entendu
- se mettre à distance physiquement, ne pas être touché
- s’immobiliser, se reposer
- réduire l’échelle : se blottir, se recroqueviller
- augmenter l’échelle : s’évader par les sens (la vue, l’ouïe, etc.) dans un environnement réel ou virtuel
- se perdre dans la foule, hors des murs.
2 – la création de trois prototypes d’espaces de répit au sein de l’agence Ad’minima, des propositions audacieuses, adaptées aux standards et contraintes des logements actuels dans l’habitat collectif :
- L’alcôve anéchoïque (qui ne réverbère pas le son), dans le prolongement du séjour, au son absorbé et à la lumière tamisée.
- La fenêtre-dressing-bibliothèque prévu pour la chambre, plaçant le placard en façade au droit de la fenêtre où l’on peut créer une assise ouverte sur l’extérieur.
- L’isoloir-bureau-balançoire, qui trouve place dans l’entrée, avec un système de rideaux sur rail permettant de délimiter un espace caché et provisoire.
A l’issue de ce travail, Marine Morain milite désormais pour une prise en compte élargie des sens en architecture (thermoception, équilibrioception…), des notions connues aujourd’hui mais peu prises en compte dans la conception du bâti.