Une architecture réflexive et anticipatrice
Pionnier de la performance énergétique, correspondant Leroy Merlin Source, Thierry Roche a toujours entretenu une démarche réflexive au fil de ses projets d’architecture. Et il le prouve encore avec le nouveau siège de son agence, à la pointe sud du quartier Confluence à Lyon, baptisé Zadiga-cité. Performant sur l’énergétique, vertueux sur l’environnement bien sûr. Le bâtiment donne aussi la main aux habitants sur le fonctionnement du bâti. Et il leur propose des espaces d’échanges non normés et préfigurant des bâtiments « sans stress », en anticipation des possibles crises du futur. En résumé, un projet qui embarque toutes les préoccupations successives de l’architecte…
Les qualités énergétiques et environnementales de Zadiga-cité, un pilier renforcé
Caractéristique majeure de Zadiga-cité : des performances énergétiques et environnementales prouvées. Grâce, notamment, à plus de 600 m² de panneaux photovoltaïques en toiture, le bâtiment est à énergie positive (Bepos) tous usages. Zadiga-cité est également certifié bas carbone au niveau maximum E4C2 et conçu pour se passer de climatisation. Enfin il comprend un maximum de matériaux bio-sourcés (murs et toitures à ossature bois, isolation en laine de bois…). Sans être exhaustif sur ces qualités, l’agence a aussi accompagné la société Veotherm dans la mise au point d’une pompe à chaleur nouvelle génération, « conçue et fabriquée à 98 % en Europe ».
Au delà de la performance énergétique : placer les occupants au cœur de l’architecture
Cette architecture présentée comme « bioclimatique et résiliente pour un confort en toutes saisons » dépasse l’ingénierie du bâtiment. Les occupants sont désormais pris en considération. En premier lieu en rendant la technique discrète, « on ne doit pas la sentir, il faut rendre le lieu simple ». Ensuite en laissant la main aux habitants, sur la ventilation par exemple dont le fonctionnement est manuel. Tout comme l’utilisation des brise-soleils, indispensables dans un bâti aux très généreuses surfaces vitrées. En résumé : « pas de GTC (gestion technique centralisée) ! ». Ici« on ne subit plus la technique. On ne peut plus dire qu’il fait trop chaud parce que le syndic n’a pas actionné le truc. Et non, parce que celui qui actionne le truc : c’est toi ! ».
Zadiga-cité : harmonie et sérendipité
Un bâtiment intelligible c’est bien, un bâtiment agréable à vivre c’est mieux. Alors dans les couloirs et les espaces de travail de Zadiga-cité, on bénéficie d’ambiances douces et paisibles. On traverse des volumes grands et lumineux ou de petites pièces calfeutrées. Le traitement phonique est omniprésent. Ce que poursuit Thierry Roche ? Une quête d’harmonie. En effet, Zadiga-cité se veut un synonyme de sérendipité, et signifie « gestion créative de l’inattendu ». Avec ce projet, l’architecte cherche à dépasser une colère : « tout devient procédure dans l’urbanisme et l’architecture, tout doit être normalisé, encadré, et finalement stéréotypé, voire préfabriqué ». A ses yeux, cela bride non seulement la créativité de l’architecte, mais plus encore celle des occupants des espaces créés. Alors il faut recréer des « espaces interstitiels où on se rencontre et on discute, des espaces de courtoisie non programmés ». C’est par exemple la vocation de la grande tablée dans l’entrée, ou de la très grande salle qui peut accueillir jusqu’à 150 personnes. « Zadiga-cité, c’est un espace, un lieu qui permet la rencontre, de te changer ou de changer le monde… ou rien du tout ; un espace non fermé, non stéréotypé, ouvert sur la ville ».
L’architecture anticipatrice : la résilience
Enfin Thierry Roche prône des bâtiments résilients face aux probables crises à venir (pandémies, manque d’eau, surchauffes…). S’y préparer donne un sens nouveau à l’ingénierie embarquée dans un site qui produit plus d’énergie qu’il n’en dépense. « Il faut mettre les populations en situation de ne plus avoir l’angoisse de manquer d’énergie », affirme-t-il. « Pour que la vie continue, sans stress sur les besoins fondamentaux ». Pour lui, la technique doit être mise au service de la vie dans une optique positive, au nom de laquelle « le Bepos tous usages doit permettre de réenchanter de la ville ».