Quelles socialisations au partage ?
Mutualisation de son espace résidentiel : comment les habitants comprennent-ils l’habitat partagé ? C’est l’objet de cette première contribution d’une série à venir dans le cadre sa thèse de Damien Rondepierre. En effet, le sociologue s’intéresse particulièrement aux expériences de mise en commun et de partage dans l’habitat à l’ère des changements globaux. Il analyse, plus spécifiquement, les relations sociales qui sous-tendent ces formes de mise en commun, à leurs effets sur la vie quotidienne des habitants, et à la contribution du partage comme possible réponse aux enjeux sociaux et environnementaux contemporains.
Mutualisation de l’espace résidentiel : la montée du modèle de l’habitat participatif
L’intégration de logiques de mutualisation et de partage s’inscrit depuis plusieurs années dans les discours de la fabrique de la ville et de l’habitat. Cela passe, entre autres, par la reconnaissance institutionnelle de l’habitat participatif en France depuis 2014, le développement d’espaces communs « partagés » dans la production neuve de logements collectifs privés, le renouvellement des modes de gestion des copropriétés avec l’objectif de tendre vers une gouvernance partagée, ou encore par le développement de dispositifs souhaitant favoriser le lien social dans certains quartiers par les bailleurs sociaux.
Des lieux de partage institutionnalisés
Visant à donner une place aux sociabilités spontanées, à la participation des habitants et à favoriser l’attention qu’ils portent à leurs espaces de vie, ces logiques de partage prennent souvent la forme d’espaces partagés. Très divers selon les contextes résidentiels, ces espaces s’ajoutent ou s’inscrivent dans les parties communes : espaces de circulation (hall, couloirs…) ou de stockage (parking, garage à vélo…). Ils peuvent également correspondre à des espaces de pratiques domestiques externalisées du logement (bureau, cuisine, buanderie partagés…). Ou bien à des espaces visant à accueillir des fonctions non-inhérentes au logement lui-même (salle polyvalente, bricothèque, jardins partagés…). Principalement mis en lumière pour leur rôle définitoire et structurant dans les projets – en cours et aboutis – d’habitat participatif, il convient pourtant d’insister sur l’idée que le partage de ressources ne se limite ni aux espaces, ni à cette manière spécifique d’habiter ni à ses habitants.
L’importance de l’acte de partage et de sa définition
Cette contribution met en lumière l’importance de saisir l’acte de partager comme le résultat d’une socialisation au partage et par le partage afin de comprendre qui peuvent être les habitants qui prennent part à des expériences de partage de et au sein de l’espace résidentiel ordinaire. Par espace résidentiel est entendu l’enchevêtrement du logement, des espaces intermédiaires et des autres espaces de pratiques individuelles ou collectives à proximité immédiate du domicile, communément appelés voisinage. Après une première esquisse de définition du partage de et dans l’espace résidentiel à partir de contextes où cette pratique est structurante, l’auteur propose d’élargir la compréhension des conditions et motivations qui conduisent les habitants à partager grâce à l’interrogation des différentes instances socialisatrices à cette pratique.
Doctorant en sociologie au Centre Max Weber, Damien Rondepierre réalise sa thèse au sein de LEROY MERLIN Source. Pour Leroy Merlin Source, Damien Rondepierre est aussi déjà l’auteur d’un état de l’art sur l’Habitat Durable et d’une analyse des chantiers de recherche conduits au sein Leroy Merlin Source au prisme de l’habitat durable : des savoirs pour agir. Il a rendu également rendu compte d’un colloque consacré à une importante recherche sur le voisinage.