Recycler, réutiliser, réemployer, réparer : les 4 R à l’échelle domestique
Économie circulaire, économie du partage, économie collaborative… Dans ce nouvel état de l’art, Benjamin Pradel, sociologue au sein d’Intermède décrypte les grandes notions de l’économie circulaire. Son originalité ? Un rapport à hauteur d’habitant. En effet il s’intéresse aux modes de faire des habitants au sein de leur logement et dans leur environnement. Et souligne les paradoxes de la « consommation responsable » (quand acheter d’occasion sur les plateformes numériques signifie aussi consommer plus et plus vite).
Économie circulaire : quel périmètre et quel rôle pour l’habitant ?
Cet état de l’art donne le panorama des actions qu’englobe la notion d’économie circulaire : l’ensemble des actes qui donnent une seconde vie ou qui transforment les objets, à partir de l’acte d’achat. Recyclage, réemploi, réutilisation, réparation : pour l’essentiel, l’économie circulaire est constituée de filières qui traitent les biens et objets concernés. Dans cette logique de filière, l’habitant est le plus souvent réduit à un rôle de trieur : il doit placer le bien dont il ne veut plus au bon endroit (le bon bac à domicile, le lieu extérieur où le déposer), et son rôle se borne à cela.
Une analyse des pratiques habitants
Mais qu’en est-il à l’échelle domestique, quand l’habitant ne se sépare pas du bien, mais s’emploie à le faire durer ? La littérature scientifique et institutionnelle traite peu ce sujet, ou alors par bribes (le bricolage, la réparation, la location d’objets…). Cet état de l’art s’efforce de rassembler et d’analyser ces pratiques d’économie circulaire à hauteur d’habitants : ce que nous avons choisi de nommer « La petite économie circulaire » (en complément de l’économie circulaire des filières).
Consommation responsable et 4 R
Benjamin Pradel propose de considérer la consommation pas seulement comme l’acte d’achat d’un bien, mais d’y intégrer la ou les utilisations que l’habitant en fait : la consommation responsable intègre l’acte d’achat et les actes d’utilisation tout au long de la présence du bien au domicile. L’état de l’art revisite ensuite les 4 R (recyclage, réemploi, réutilisation, réparation), pour constater qu’existent de nombreuses micro-pratiques à hauteur d’habitant : des pratiques individualisées, très peu visibles, des pratiques difficilement identifiables et non massifiables.
Une vraie dynamique au sein du logement
Autrement dit il existe à cette micro-échelle une petite économie circulaire, non ou peu monétisée, qui s’applique à prolonger la vie des objets ou de leurs composants, ou à les transformer à l’échelle domestique. Cela passe par des logiques de conservation de ces objets, de stockage avant transformation (« ca peut servir ») : ces biens ou composants accumulés ne sont pas forcément synonymes d’encombrement du logement.
Cet état de l’art intègre et précède une recherche sur la seconde vie des objets, menée grâce à un partenariat Citeo – Leroy Merlin Source, à paraître en 2024.