Le paradoxe entre flexibilité des espaces habités et rigidité des pratiques habitantes
A quels enjeux de flexibilité le changement climatique soumet-il l’habitat au Japon : c’est la question sur laquelle s’est penchée Camille Picard, chercheure-associée de LEROY MERLIN Source. Dans son article, la chercheuse analyse les différences entre les pratiques constructives et les manières d’habiter. Sa conclusion ? Un vrai paradoxe. Entre la flexibilité des espaces habités et la rigidité des pratiques habitantes.
Flexibilité et plasticité : l’analyse de l’habitat au Japon par Camille Picard
La flexibilité et la plasticité de l’habitat japonais sont le fruit de nombreuses évolutions. Elles sont historiques et économiques. Elles sont influencées par des événements marquants comme la réouverture du pays, sa “modernisation” ou encore par les grandes catastrophes (naturelles ou humaines). Ces évolutions sont aussi le produit de transformations sociales et culturelles. Les plus impactantes ? La nucléarisation de la famille et le changement du rôle de la femme.
Flexibilité de l’habitat au Japon : la différence entre bâti et pratiques
Pourtant les pratiques de l’habiter, plus rigides, se perpétuent. En effet la flexibilité du logement n’est pas la même et n’est pas aussi importante selon que l’on parle du bâti ou des pratiques du foyer. Afin d’analyser l’habitat nippon, ces deux dimensions sont à prendre en compte. Car elles dépassent les considérations purement esthétiques. Comme le souligne Bonnin : « on sait qu’au sein de chaque culture se dessine un noyau de valeurs, préférentielles et spécifiques, sur lesquelles s’arcboute le sentiment de beau ».
Plasticité de l’habitat au Japon : le remplacement
À l’inverse, le développement d’une plasticité japonaise par le remplacement est stimulé par la sphère publique. Grâce à la création d’une réglementation sur la durabilité des bâtiments, la flexibilité de l’habitat va évoluer. Par ailleurs, la crise sanitaire et le développement des activités à domicile ont modifié les façons d’habiter. Or selon Matsumura et Nishi (2020), le peu de flexibilité offert par les logements de type LDK rend impossible l’adaptation de l’habitat à ces nouvelles contraintes. Ces résultats interrogent l’ambition de durabilité des bâtiments. Au-delà de leur structure, ils doivent être conçus dans une perspective d’architecture évolutive.
Doctorante en urbanisme au Lab’Urba, Camille Picard est spécialiste des impacts du vieillissement sur l’habitat au Japon et en France.