Trajectoires socio-économiques d'espaces, de véhicules et d'objets du quotidien
Louer ses biens personnels quand on est un particulier : oui mais louer quoi exactement ? Et à qui ? Et pour quelles raisons ? Ce sont les questions sur lesquelles Dominique Roux s’est penchée. Dans cette recherche, elle étudie les pratiques de location entre particuliers, des plus petits objets jusqu’aux logements en passant par les moyens de transport. Quels intérêts les particuliers y trouvent-ils ? Un complément de revenus bien sûr mais bien d’autres aspects entrent en jeu.
Louer ses biens personnels : les enseignements clés
La recherche de Dominique Roux met à jour trois points clés qui permettent d’analyser les motivations de la location entre particuliers :
- Tout se loue mais chacun ne loue pas tout. Tout dépend de l’attachement à l’objet. Il est impossible pour certains de louer leur voiture ou leur logement, quand ce sera évident pour d’autres.
- On distingue ce qui relève de l’intime et ce que l’on peut partager : certains objets et espaces sont protégés, mis à l’abri. On renonce parfois à une part de son intimité, pour obtenir un complément de revenus mais aussi pour des raisons altruistes (rendre service).
- C’est donc bien l’intimité et non la propriété qui est mise en jeu. L’instinct de propriété ne disparaît pas, mais on se détache de la possession.
Louer ses biens personnels : des pratiques très variées
La recherche montre qu’il existe une grande diversité de pratiques de la location chez les particuliers. On loue des objets utiles pour être actif chez-soi (bricolage, jardinage), des objets utiles au quotidien (lave-linge), des objets ludiques (table de ping-pong, jacuzzi) et d’autres plus insolites (robes de mariée et de mariage). On loue aussi des moyens de déplacement (place dans la voiture, trottinette). Et enfin bien sûr on loue des logements, soit de manière permanente soit ponctuellement via les plateformes numériques.
L’analyse montre 4 types de pratiques de location :
- Une pratique quasi professionnalisée, où la personne assume toutes les tâches pour se faire un revenu complémentaire, comme la location permanente d’un appartement par exemple.
- Les échanges sur les plateformes numériques, pair-à-pair (logements, véhicules…), pour rentabiliser des objets dormants, qui nécessitent de dépasser les premières craintes et de soigner la qualité du service.
- Le « petit business sous le radar », à la fois dans les réseaux traditionnels mais aussi via les plateformes numériques (robes de mariée, jacuzzi…).
- L’entraide entre voisins, souvent à l’initiative du voisinage, pour des sommes modiques, qui débute souvent par un prêt (outillage, lave-linge).
Découvrez le rapport de recherche Louer ses biens personnels entre profit et entraide, sa synthèse et les portraits vidéos de ceux qui ont participé à l’étude.
Dominique Roux, spécialiste de la consommation
Professeure de Marketing à l’Université de Reims Champagne Ardenne, Dominique Roux est directrice du laboratoire REGARDS, EA 6292 et cofondatrice du réseau de recherche ALCOR. Elle est spécialiste des nouvelles formes de consommation : consommation émergentes, alternatives, collaboratives et résistantes. Chercheure associée à LEROY MERLIN SOURCE, elle mène des recherches avec l’ADEME, la Région Ile de France et le Ministère de l’Ecologie. Ses travaux ont été publiés dans de nombreux journaux académiques.