Voyage et réflexion au coeur de l'habiter vénitien
Nous avons le plaisir de vous inviter à une promenade urbaine atypique, avec le regard sensible de Marie Chabrol sur la Venise d’aujourd’hui. Une promenade dans une ambiance d’incertitude et de renouvellement mêlés. Marie Chabrol est urbaniste. Elle est en charge des sujets liant ville et santé au sein de AIA Life Designers. Et avec LEROY MERLIN Source, elle a piloté la recherche Concevoir avec les habitants des quartiers bénéfiques à la santé et au bien-être. Elle partage avec nous cette balade dans le cadre de la 17ème Biennale de Venise.
Porter un regard sur Venise, le regard sensible de Marie Chabrol
« Comment allons-nous ? Être à Venise plusieurs jours, dans un quartier (arrière de l’Arsenal) en dehors des flux touristiques, apporte quelques nuances pour embrasser cette question. Comment vivrons-nous ensemble ? Dans un monde fini ? Dans des villes constituées et qui ne doivent plus s’étendre, dans le bâti existant ? Arriver à Venise, c’est tout d’abord ralentir. Prendre la mesure de la fragilité de la lagune que l’on traverse à moins de 10km/h en Vaporetto depuis l’aéroport pour respecter le milieu naturel.
Observer les habitants plutôt que les façades apporte une véritable leçon sur ce qu’est l’habité dans un site hyper contraint. De par sa nature même (réseau d’îles), mais aussi par son statut exceptionnel de patrimoine mondial et du tourisme de masse. Le chiffre suivant illustre particulièrement le paradoxe : chaque habitant de Venise apparaît environ sur plus de cent images chaque jour ! Aspects remarquables de la structure de Venise avec sa double voie de communication : les canaux pour les marchandises et les calli pour les personnes. Mais également son organisation polycentrique autour des campi qui sont des villages dans la ville. Avec chacun son école, son église, son marché, ses commerces.
J’ai eu l’occasion de rencontrer l’architecte-réalisateur Ila Beka. Le couple Beka-Lemoine a réalisé un film sur Venise pendant la dernière acqua alta qui est encore très présente dans la conversation avec les vénitiens.
Paradoxe avec Venise de nuit : façades le long des Fundamenti éteintes, sans vie, où l’on imagine des logements à la location qui n’ont pas (encore) retrouvés le niveau de demande d’avant la crise. Et on se rappelle que la population de Venise est en constante baisse, environ 50000 habitants. Vivre à Venise n’est accessible qu’à une poignée de privilégiés.
Être à Venise, c’est aussi se rappeler que c’est tout sauf une ville musée. Elle semble en travaux partout. D’autant plus que l’Europe vient d’accorder des subsides importants pour la rénovation des façades, « bonus facadas ». Et c’est aussi mesurer l’incroyable flexibilité de ce patrimoine bâti : tous les lieux que nous visitons ont déjà connu plusieurs vies/usages. Et chaque nouvel usage semble apporter encore plus de vitalité à ce patrimoine.
Regarder un plan de Venise, c’est prendre conscience de la place donnée à l’accueil des bateaux de croisières (l’un des plus grands ports d’accueil du monde). Et de l’espace qui va se libérer suite à la décision du gouvernement italien d’interdire les bateaux de croisière géants à Venise.
Venise ne nous dit-elle pas quelque chose de ce que pourrait être l’habiter ensemble de la transition écologique ? »
Recherche sur l’urbanisme : la biennale de Venise interroge
« Comment vivrons-nous ensemble ? ». C’est la question posée par la 17ème Biennale de Venise qui a eu lieu de mai à novembre 2021. Cette édition aurait dû se tenir en 2020, ses contributions internationales ont donc été produites avant la crise pandémique. A cette occasion, la Fondation d’entreprise AIA a donc proposé une exposition intitulée : « Comment allons-nous ? ». Son objectif : mettre en avant un travail prospectif basé sur le triptyque architecture, santé, environnement. Comment ? En révélant les interactions entre nos villes et notre santé collective. Une conférence s’est tenue le 13 novembre 2021 à l’université Ca’Foscari : Espace public, art, culture et santé. De la gestion de la crise pandémique à un meilleur avenir pour nos territoires ? Une conférence en collaboration entre l’Université Ca’ Foscari de Venise et la Fondation AIA.