Habiter le Grand Paris au XXIème siècle
Rencontre avec Sabri Bendimérad autour de sa thèse sur travaux en architecture : « Habitat et densités du Grand Paris au XXIème siècle ». Sa réflexion est construite sur l’analyse des travaux menés ces quinze dernières années en tant qu’architecte et chercheur. Il en a tiré une réflexion sur la densité comme grille de lecture. Son parti pris ? La nécessité qu’il y a à la penser non comme un état, mais comme un processus : la densification.
Les enseignements de la thèse de Sabri Bendimérad : prêter attention au processus de densification
L’étude de la densité d’un quartier ou d’une métropole produit une image fixe. Or cette image ne dit rien des tensions à l’œuvre sur le territoire et entre les acteurs. Or selon Sabri Bendimérad, seule l’attention au processus de densification permet de lire les nombreux enjeux qui pèsent aujourd’hui sur la densification nécessaire mais non univoque d’une métropole de l’importance de Paris. En effet, ce processus met en lumière les enjeux parfois contradictoires des acteurs. Et il révèle plus spécifiquement l’enjeu de l’accès aux ressources. Un enjeu nécessaire pour une métropole qui cherche à se développer et se décarboner.
L’impact de la densification sur la qualité des logements
Dans les processus de densification du Grand Paris, la qualité des logements ne s’est pas améliorée. Comme le souligne l’auteur, « la construction de ces nouveaux quartiers très denses n’a pas produit des qualités de logements particulières. Du côté de Massy, par exemple, les plans des logements que j’ai analysés montrent que toutes les pièces intermédiaires ont disparues. Les trois-pièces sont extrêmement basiques : entrée de plain-pied ou directement dans une pièce qui fait fonction de séjour et de cuisine, avec de part et d’autre les chambres. Toutes les qualités de transition ont disparues. Or ce sont elles qui font la qualité principale du logement avec les ouvertures et la luminosité. »
Habiter un territoire dense : comment donner envie aux habitants ?
Seul l’allégement du poids financier du foncier permettra de réengager un travail sur la qualité du logement. Pour Sabri Bendimérad, « les habitants n’accepteront d’habiter des territoires très denses que si, en contrepartie, les logements que nous leur proposons tirent parti de cette densité : plus grands, plus volumés, plus facilement transformables. Bref des logements avec un surcroît d’intelligence dans leur conception. Sans cela, ils finiront toujours par revenir à la maison individuelle où ils ont le sentiment d’être plus tranquilles, d’avoir davantage d’intimité et de pouvoir faire ce qu’ils veulent de leur intérieur. »
Sabri Bendimérad est architecte-associé de l’agence Paris U. Il est également chercheur au laboratoire Architecture Culture Société à l’école nationale supérieure d’architecture (Ensa) Paris-Malaquais. Professeur, il enseigne à l’Ensa Paris-Val de Seine. Correspondant Leroy Merlin Source depuis plus de 10 ans, membre du groupe Habitat environnement et santé, il est l’auteur, avec Monique Eleb d’une recherche sur la cohabitation : « Ensemble et séparément. Des lieux pour cohabiter ».