Des étudiants en design au service des liens intergénérationnels et du mieux habiter
Le design peut-il aider à mieux penser le temps de la vieillesse, et notamment en Ehpad ? C’est la question sur laquelle les étudiants de Mastère 1 et 2 Design Produit et mobilier de l’École de Condé à Lyon se sont penchés. Ils ont imaginé plusieurs dispositifs et mobiliers pour apporter davantage d’autonomie, d’intimité et de confort aux résidents d’Ehpad. Ils ont mené leur travail, centré sur la notion de chez-soi, à partir de l’automne 2022. Roxane Andrès (designer chercheuse), Yoann Jacquon (designer) et Mélissa Mariller (artiste designer) ont dirigé cet atelier « projet ». Pascal Dreyer y est intervenu.
Au cœur de la réflexion : accompagner la vieillesse en Ehpad
L’Ehpad pourrait-il être vécu par les personnes âgées comme un lieu de vie à part entière et non comme un lieu d’attente et d’enfermement ? Comment transformer l’espace institutionnel et de soins en un espace vivable, un espace à soi ? Organisés en équipe, les 25 étudiants ont choisi d’investir les espaces collectifs de l’Ehpad, anonymes et souvent difficilement appropriables. Leur objectif : en faire des espaces de convivialité et de proximité. Pendant 2 mois, ces spécialistes du design ont réfléchi et se sont imprégnés des témoignages de ce qui vivent leur vieillesse en Ehpad. Mais aussi de ceux du personnel pour concevoir plusieurs objets du quotidien. Et concrètement ? Ils ont conçu des aides-techniques, mobiliers ou équipements destinés à l’activité qui accompagnent et soutiennent la sensorialité des résidents d’Ehpad. La vue, le toucher, l’ouïe bien sûr. Mais aussi le contact avec la nature et le vivant.
Penser le vieillissement, penser le chez-soi : Leroy Merlin Source en support
Pascal Dreyer, coordinateur scientifique à Leroy Merlin Source, est intervenu dans la phase de réflexion. Il a présenté aux étudiants la synthèse des travaux sur le chez-soi menés au sein du réseau depuis 2014. Il les a notamment invités à définir ce qu’est le chez-soi pour eux. A réfléchir aux freins les empêchant de se sentir eux-mêmes pleinement chez eux à cette étape de leur vie. Et à tout ce qui serait en mesure de renverser ce sentiment. Ainsi les étudiants pu établir des ponts entre leur sentiment d’habiter, souvent précaire ou transitoire, et celui éprouvé par les personnes âgées vivant en Ehpad. Pascal Dreyer est également intervenu aux côtés de l’équipe enseignante lors de la restitution des propositions des étudiants.
7 innovations design pour envisager la vieillesse comme un potentiel
L’intérêt et la qualité de leur travail réflexif a conduit Leroy Merlin Source à donner de la visibilité à leurs propositions avec une sélection de sept innovations. En effet elles éclairent la manière dont il serait possible de favoriser et soutenir le sentiment d’habiter des personnes âgées vivant une étape cruciale de leur existence en structure médico-sociale. Elles s’appuient sur des éléments conçus à l’échelle du corps. Des éléments qui mobilisent activement les sens à partir des centres d’intérêts de chacun. Ces pièces ont été créées spécifiquement pour un projet de rénovation de deux Ehpad du Loir-et-Cher. Leur design envisage le temps de la vieillesse en Ehpad dans son potentiel à transmettre et à vivre, en articulant capacités et contraintes. « On a souvent une vision misérabiliste de personnes qui perdent la tête, ont du mal à se déplacer, alors qu’elles peuvent aussi être patientes, minutieuses, porteuses de récits de vie intéressants, et même rassembleuses« , fait valoir l’un des étudiants, Sébastien Maître. Il témoigne d’ailleurs avoir éprouvé, avec son groupe, le sentiment de devoir surmonter un « gros décalage quand on parle de nos proches âgés et des personnes âgées en général« .
De A à Z : du design à la fabrication
Enfin, les étudiants se sont attachés au processus de fabrication de leurs produits avec des matières nobles, made in France et issues du circuit court : le recours à du bois local (chêne, bouleau, robinier, châtaignier ou hêtre) pour les canapés, les modules à roulettes ou les nichoirs à oiseaux, ou encore à de la pierre de tuffeau typique de la région où sont implantés les deux Ehpad pour des fontaines mobiles. Plusieurs ont aussi cherché à intégrer le réemploi de matériaux, comme la ouate de coton bio issue de déchets industriels pour certaines assises.