Les conseils de Marie-Pierre Dillenseger
Marie-Pierre Dillenseger, praticienne des arts chinois consacrés aux forces spatiales et temporelles (Feng Shui, Yi Jing, Énergétique, Art de la guerre, Astrologie…), est mobilisée par le confinement : ce temps d’arrêt est aussi un temps de réflexion propice au changement mais pour quels changements ? Accepter de lâcher prise, accepter la peur et préparer l’avenir, elle propose des pistes vigoureuses pour mieux habiter et mieux vivre, dès à présent et pour l’après-confinement.
Personnes ressource du réseau Leroy Merlin Source, elle est aussi l’auteur en 2019 de Oser s’accomplir, Mama Editions
Confinés : on en profite pour tout changer ?
Par définition, le confinement impose un enfermement et un sur-place. Avant de tout changer, il faut d’abord prendre la mesure de ce que « tout a déjà changé ». Et ne pas forcement en rajouter. Acceptons la situation actuelle en n’oubliant pas qu’elle est transitoire. Faisons chaque jour une chose que nous ne pouvions pas faire auparavant et réjouissons-nous en.
Pour ceux qui ne sont pas en 1ère ligne, c’est un excellent moment pour « perdre son temps » sans se culpabiliser. Certains vont en profiter pour tout changer chez eux, déplacer les meubles, trier à n’en plus finir. Ils vont occuper le temps.
Mon conseil serait plutôt de ne pas trop en faire pour arriver à un point d’ennui. L’ennui est toujours créateur. Il en sortira une idée, une envie, qq chose de nouveau qu’il faudra accueillir et cultiver. Même après la fin du confinement.
Qu’est-ce que les arts sacrés chinois nous enseignent en cette période de confinement ?
Toutes les techniques chinoises sont au service de la vitalité et de l’efficacité maximale. Il n’y a pas de puissance de frappe sans accumulation de forces. La restriction imposée force au centrage, à l’introspection, à la présence à soi. S’agiter est inutile et contre-productif. C’est un excellent moment pour clarifier, évaluer, trier et préparer la suite. Celle-ci ne pourra pas être la répétition de l’avant. Ou alors l’épreuve n’aura servi à rien.
Après des décennies d’accélération et d’agitation dans tous les domaines, nous visons un ajustement de balancier. Ajustons nos postures.
Comment en faire quelque chose de positif ?
En se reposant (ceux qui le peuvent). En acceptant de lâcher prise (on ne peut y rien faire). En comprenant que la contrainte individuelle est au service de la survie collective. En faisant la liste de tout ce que l’on fera lorsque le confinement sera levé. Et aussi celle de tout ce que l’on ne fera plus jamais. En tenant ces deux promesses.
Comment ne pas se faire « happer » par les pensées négatives de cette période anxiogène ?
Il est impossible d’y échapper car tout le monde est connecte aux chaines d’informations et aux réseaux sociaux. Et la conscience du danger est une qualité plus qu’une faiblesse. Néanmoins, établir des plages de temps sans connexion médiatique est un bon moyen pour garder la tête froide. Se centrer sur une activité qui occupe l’esprit en est une autre (démarrer un arbre généalogique, trier des photos, nettoyer l’appartement).
Quand les pensées négatives débordent, les chasser est parfois moins efficace que de leur donner la parole. Je conseille 2 x 5 minutes par jour de panique pure. Vautrez-vous dedans. Imaginez le pire, puis allez-vous laver les mains ou passer l’aspirateur. Lorsque le corps bouge, la tête s’égare moins.
Quelles « clés » ou quels exercices (issus de votre dernier livre Oser s’accomplir ou autre) mettre en application dans ce nouveau quotidien ?
Le moment crée du vide puisque nous ne pouvons plus courir dans tous les sens comme avant. Et le vide fait peur car nous nous retrouvons face à nous-même. Or le vide appelle le plein. C’est le moment de faire vraiment le vide et j’ai un exercice pour cela ou de trouver tous les jours au moins une chose à faire autrement que d’habitude. Les généralistes télétravaillent. Les personnes âgées se mettent à l’ordinateur. Les citadins plantent des graines sur un rebord de fenêtre.
L’exercice consiste à s’assoir 5 minutes par jour, tous les jours à la même heure, face à un mur totalement vide. Sans téléphone. Pendant 5 jours. Il en sortira bien qq chose. N’hésitez pas à m’en faire part.
Quelles perspectives ça nous ouvre pour l’avenir ?
La suite n’est pas écrite. Nous sommes en train de l’écrire ensemble. Plus le confinement dure, moins il sera facile de refaire tout exactement comme avant. Certains vont décider de rester en province, d’autres vont démissionner. Revoir des étoiles dans le ciel des grandes villes est un cadeau que la planète nous a fait en quelques jours après que nous lui ayons fait le cadeau de nous calmer. Cette épreuve collective pourrait nous rappeler à quel point nous sommes capables de changer le monde une personne à la fois, un acte à la fois, un jour à la fois.
Mon conseil serait que chacun d’entre nous se fasse une promesse, une seule, au service de sa santé et de celle du monde. Puis s’y tienne. Collectivement cela fera plus de 60 millions d’actes vertueux rien qu’en France. 7,5 milliards si tout le monde s’y met. N’attendons plus.
© Marie-Pierre Dillenseger
10ème jour de confinement. Paris, Mars 2020.